Le Vêtement de pensées de Jane

A150131ContesRose-CroixVetementDePenseeD. D. Arroyo

La voix de Jane, une petite fille âgée de six ans, était remplie de colère. Elle criait et ses yeux se remplissaient de larmes.

Son petit frère avait retiré les chaussons de sa poupée préférée et il était entrain de les salir en essayant de les enfiler.

Sa mère se précipita dans la pièce et voyant le problème, elle prit son petit garçon dans les bras.  "Maman, il les a abîmés", dit Jane entre deux sanglots. "Les chaussons de ma poupée ! Maintenant, ils sont tout sales. C'est un méchant! Je le déteste".

Elle frappait du pied en regardant son petit frère qui, apeuré, commença, lui-même à pleurer. La maman s'assit sur le lit et donnant un gâteau à son fils parla doucement :  "Jane, je suis désolée qu'il ai pris les chaussons mais il ne les a pas trop abîmés. Ce n'est pas bien de ta part de dire que tu le détestes."

Le petit frère, heureux d'avoir un gâteau, laisse sa maman ôter les petits chaussons de ses pieds. Il observe sa maman tandis qu'elle essuie avec soin les traces de chocolat sur les chaussons blancs. Mais Jane continue de sangloter : "Mais regarde, maman, il les a tout déformés. Maintenant, ma poupée ne va plus être jolie !".

La maman s'adressa à sa fille : "Jane chérie, tu ne devrais pas te laisser aller à la colère car cela crée de très laides formes pensées. Je te l'ai déjà dit : ce sont comme des flèches qui tombent tout autour de toi, risquant de blesser les autres et toi-même.

"Mais, je ne peux pas m'en empêcher! Ça m'énerve trop que ma poupée soit abîmée.", dit Jane d'un ton rancunier.  Sa mère acquiesça : "Je sais que tu veux que ta poupée reste propre, mais ton frère est trop petit pour comprendre. Il ne l'a pas fait exprès. Regarde : les chaussons ne sont plus ni sales ni déformés."  Jane regarda les chaussons avec incertitude et essuya les larmes de ses yeux.

"Tu vois, Jane", poursuivit sa maman, "il est plus facile de réparer un objet que le dommage que tu as provoqué par tes pensées de colère.

"Mais, maman", protesta Jane, "tout le monde se met en colère et dit des choses. Je n'ai pas voulu dire que je déteste vraiment mon frère. J'ai juste dit ça dans la colère". La petite fille commençait à regretter ce qu'elle avait dit.

Sa maman la regarda avec un air grave : "Oui, ma chérie, c'est bien là le problème. Les gens disent des choses qu'ils ne pensent pas vraiment. Ils pensent que leurs paroles n'ont aucune importance. Ils ne réalisent pas que nos paroles créent des formes autour de nous. Quand les paroles sont remplies de méchanceté, les formes sont laides et elles ne disparaissent pas avec la colère. Elles restent autour de nous et nous poussent à recommencer. Pire encore, cela pousse également les autres à faire de mauvaises choses qui les rendront malheureux. Nous devrions uniquement créer des formes de beauté et de joie."

Jane regarda sa maman d'un air désolé : "Je suis vraiment désolée, maman. Je vais essayer de créer de meilleures formes pensées ... seulement des jolies !".

"Je suis certaine que tu vas réussir, ma chérie", dit la maman, en serrant sa fille dans ses bras.  La nuit suivante, Jane fit un rêve qui l'aida à se souvenir de sa promesse. Elle rêva d'un ange qui était de la même taille qu'elle. Il portait un long vêtement blanc et était assis sur une chaise. L'ange tenait dans ses mains une robe sur laquelle il cousait des motifs. Il y avait autour de l'ange de petites choses qui voletaient en bourdonnant. Certaines avaient une belle forme et une belle couleur mais d'autres ressemblaient à d'horribles insectes écoeurants à regarder. De temps en temps l'ange saisissait au vol une de ces choses et la cousait sur la robe, parfois une belle, parfois une laide. Dans son rêve, Jane pleurait lorsque l'ange cousait une des horribles choses sur la robe.

"Vous abîmez la robe en y cousant ces horribles choses à côté des jolies formes", dit-elle à l'ange.

A sa surprise, l'ange acquiesça et répondit :  "Oui, n'est-ce pas une honte d'abîmer cette jolie robe avec ces horribles choses ?"  "Alors, pourquoi faites-vous ça?", demanda Jane. "Pourquoi ne cousez-vous pas que les jolies choses ?".

L'ange sourit gentiment et dit : "C'est ce que j'aimerais faire. Ce serait vraiment un travail agréable s'il n'y avait que de jolies formes à coudre sur la robe, mais, vois-tu, je dois coudre toutes les choses qui sont faites pour la robe".

"Mais qui vous oblige à prendre les laides?", demanda Jane.

L'ange sourit à nouveau et répondit tristement :  "C'est toi, Jane. Ce sont tes pensées. Cette robe représente ton âme. Quand tu as de bonnes pensées, alors j'ai de jolies choses à coudre sur la robe, mais lorsque tu es en colère et que tu dis de méchantes choses, ou bien que tu agis de façon égoïste, alors se forment ces choses laides que je dois placer également sur la robe".

Jane tremblait. Elle était effrayée par le nombre de monstrueuses choses qui abîmaient la robe.  "Est-ce que je peux me débarrasser de ces choses laides?", demanda-t-elle lentement.

L'ange eût un sourire lumineux.  "Oui, chère Jane, c'est possible. Tu peux apprendre à contrôler tes pensées et tes émotions de telle sorte qu'elles ne produisent que des jolies formes, alors je pourrais ôter les laides et coudre les belles à la place".

"Alors, est-ce que je pourrais porter cette belle robe", demanda Jane avec enthousiasme.

L'ange acquiesça : "Tu la portes déjà. C'est ton vêtement de pensées. Et lorsque tu iras au Ciel après avoir terminé ta vie sur terre, il te suivra et ce qui est bon et beau en lui deviendra une partie de ton Moi véritable, ton esprit".

Jane se réveilla, avec le vif souvenir de ce rêve. Comme l'ange était beau ! Et certaines choses cousues sur la robe étaient vraiment belles ! Elle voulait vraiment parvenir à contrôler ses pensées. Depuis, lorsque Jane sentait la colère monter ou venir de mauvaises pensées, elle se souvenait de l'ange qui cousait sur sa robe de pensées et immédiatement elle s'efforçait de former de bonnes pensées. Elle essayait de ne pas être égoïste et patiente. Parfois, elle échouait mais poursuivait ses efforts car sa maman lui avait dit : "le seul échec c'est de cesser ses efforts".

Au fur et à mesure, cela devenait de plus en plus facile de former de bonnes pensées et elle s'en trouvait beaucoup plus heureuse. L'ange était heureux également car le vêtement de pensées de Jane devenait de plus en plus beau.

Maintenant, cher lecteur, qu'en est-il de ton vêtement de pensées ? Est-il beau à regarder ? Penses-tu que l'ange soit content de ce que tu lui donnes à coudre dessus ?

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