Faire son Devoir - M. D. P.

A150123FlashRose-CroixDevoir"Faire son devoir" consiste à exécuter de toutes ses forces, de toute sa volonté et de sa compréhension ce que la conscience commande de faire. "Conscience", c'est-à-dire voix divine dans l'homme, souvenir de ses expériences passées, des souffrances vécues, des joies ressenties, des remords aussi pour des actes répréhensibles.

"Conscience", petite voix silencieuse qui, de plus en plus, à mesure que l'être monte sur le chemin de l'évolution se fait plus autoritaire, plus exigeante, plus impérative.

 "Faire son devoir" est la loi de tout être ; c'est le seul chemin qui mène au but prescrit à la créature humaine : atteindre un jour, dans un lointain avenir, à la stature du Christ, modèle idéal sur lequel tout chrétien, digne de ce nom, doit régler sa vie pour réaliser sa destinée normale.

 Le devoir est proportionné à la mentalité, à l'éducation, au degré d'évolution de l'individu, c'est pourquoi il nous est défendu par la loi d'Amour de juger notre prochain, rien de son passé immédiat ou lointain ne nous étant connu.

 Le devoir est souvent là, près de nous, au milieu des nôtres, de nos proches, de nos amis, de ceux qui nous sont envoyés. Que de fois, cependant, nous fermons les yeux, prétendant ne pas le voir, pour aspirer à des missions difficiles, à des dévouements héroïques pour lesquels nous ne sommes points faits.

 Faire son devoir quotidien, si monotone qu'il paraisse, si terne qu'il soit, sans se lasser, sans se décourager, c'est le premier pas sur le sentier pour celui qui veut s'entraîner au développement spirituel. La répétition persévérante est le principal élément de formation du corps vital, ce véhicule qui, purifié, rendu plus subtil, deviendra un jour la « robe nuptiale » sans laquelle le vrai mystique chrétien ne peut entrer dans "la maison du Père".

 Suivant les individus, suivant les circonstances, un même devoir apparaîtra ou facile ou ardu. Les qualités ou les défauts de caractère aident ou nuisent à son accomplissement. Tel individu courageux, décidé n'hésitera pas devant le devoir ; tel autre indolent, paresseux, hésitant, tergiversera et remettra à plus tard l'exécution de ce qui lui incombe. La Justice suprême est telle cependant qu'il ne nous est rien demandé au-dessus de nos forces. Nous avons en nous des ressources d'énergie latente que la difficulté met en œuvre, qu'elle nous dévoile, et si véritablement nous voulons être à la hauteur de la tâche qui nous est donnée, nous ferons inconsciemment appel à cette réserve cachée jusqu'alors.

 Nous serons ainsi doués d'une force insoupçonnée et nous accomplirons notre devoir quel qu'il soit, joyeux d'avoir vaincu les difficultés, d'avoir découvert en nous une puissance que nous ignorions. Nous serons alors prêts à engager de nouveau la lutte pour surmonter d'autres obstacles plus importants peut-être, s'ils surgissent sur le chemin du devoir.

 "Faire son devoir" : si chacun dans sa sphère, chaque jour pensait, aspirait à l'accomplir, comme sa route s'éclairerait, comme sa compréhension s'ouvrirait. Souvent aussi la vie lui semblerait plus belle, intéressante et digne d'être vécue. Il y a tant d'occasions en une journée de vingt-quatre heures de faire son devoir ; eh ! Oui, de vingt-quatre heures ! puisque le sommeil nous permet un autre genre d'activité que celle de l'état de veille. Remarquons cependant que c'est la manière plus ou moins parfaite dont nous accomplirons notre travail de la journée qui sera la mesure d'où dépendra notre efficacité d'action pendant le sommeil. Si nous sommes honnêtes, consciencieux, éveillés, nous serons jugés dignes de missions délicates une fois notre corps physique endormi. La plupart du temps nous ne nous en souvenons pas, mais nous sommes à même de le savoir. D'autres que nous, qui, grâce à une vie pure, à de l'acquis antérieur ou à un entraînement donné peuvent se rappeler de leurs expériences durant le sommeil, affirment que notre activité est plus intense, plus bienfaisante et rayonne plus loin quand nous dormons que lorsque nous sommes conscients à l'état de veille.

 Il ne s'agit pas de diviser le devoir en catégories, en classes plus ou moins importantes. Le "Devoir" est le devoir, de quelque façon qu'il se présente. Il doit être accompli aussi strictement que possible au point de vue conscience. Cependant plus l'être monte plus il sonde l'énigme de l'univers, le problème de la vie, plus le devoir grandit pour lui, plus ses responsabilités deviennent sérieuses et multiples.

 En quoi consistera le "Devoir" ? Pour vous, ami lecteur de l'Ere Spirituelle, et surtout pour vous, étudiant des enseignements des Rose-Croix, plus que tout autre vous devez avoir conscience que pour vous le "Devoir" est en tout plus strict, plus important, car vous connaissez le but de la vie, le devenir de la créature humaine, le sommet merveilleux auquel doit aboutir l'être doté de l'étincelle divine ; ne vous efforcerez-vous pas de vivre moins en égoïstes, retirés en vous-mêmes, indifférents à l'ignorance et au vice qui nuisent au bien commun, sachant que l'humanité est un grand tout composé de toutes les créatures comme un corps de ses cellules, qu'elles ne peuvent arriver au but assigné, c'est-à-dire la perfection, que toutes ensemble, sûrement l'une après l'autre, mais non pas l'une sans l'autre ? Ne savez-vous pas aussi que tous les membres de cette grande famille humaine sont solidaires les uns des autres, que la plus grande quantité de bien accompli amènera le bonheur pour tous, tandis que si le mal prédomine, c'est la souffrance pour tous sous toutes ses formes ? Aucun de nous n'est à l'abri de l'infortune et du malheur. Si le prochain peine et lutte en proie à la misère et au découragement, vous ne faites pas votre "Devoir", vous qui pourriez être le dispensateur de l'Amour infini du Créateur, si vous fermez les yeux sur la détresse de votre frère, vos oreilles à ses supplications, votre cœur à la sympathie compatissante. La Loi de Conséquence vous le fera bien sentir un jour, peut-être dans cette vie, peut-être dans une autre, mais rien n'est oublié sur le grand livre du destin, et ce « Devoir » d'aide et de bonté, il vous sera rappelé quand, pauvre et misérable à votre tour, vous rencontrerez des cœurs secs et ne recevrez que paroles dures et méprisantes.

 Les actions bonnes sont inscrites aussi sans erreur à votre crédit ; mais sans attendre l'au-delà pour récolter ce que vous avez semé vous éprouverez par la pratique de la bonté, la joie de donner et de recevoir en échange de votre don le regard reconnaissant des yeux en larmes, le sourire qui chasse l'inquiétude du visage douloureux, et vous ferez le bien pour lui-même sans en escompter le bénéfice. Vous qui avez lu la Cosmogonie des Rose-Croix, vous êtes plus avertis que quiconque des résultats immédiats ou futurs des actions de la vie quotidienne, vous êtes donc plus responsables du "Devoir" bien ou mal accompli. Mais aussi pour vous quelle certitude en l'immanente justice divine qui ne laisse pas sans récompense le moindre effort pour le bien.

 On reconnaît l'arbre à ses fruits ; on reconnaîtra l'excellence des enseignements de la Philosophie des Rose-Croix parce qu'ils auront fait naître chez ceux qui les mettent en pratique la bienveillance de leurs jugements, leur tolérance pour les opinions des autres divergentes des leurs, une compréhension plus grande des différentes mentalités, et surtout, par-dessus tout, parce qu'il leur auront appris à pratiquer le pardon des offenses causées par l'opinion injuste de ceux qui ne pensent pas comme eux.

 La diversité n'est-elle pas la preuve de l'infini du Créateur ?

 Nos oreilles, humaines connaissent les sept notes de la gamme musicale ; suivant leur finesse, elles en saisissent plus ou moins nettement les tons et les demi-tons. La gamme universelle est autrement étendue, autrement riche en intervalles dont le nombre est infini. Les mentalités, les âmes humaines sont chacune une note de la symphonie divine et leur rôle est de faire vibrer aussi nette et aussi pure que possible cette note de leur être qui leur appartient en propre, qui est leur signe distinctif, leur marque d'identité ; elle est inscrite au grand livre des êtres, elle est nécessaire à l'ensemble.

 Certes cette note ne doit pas résonner avec la même force, avec la même intensité en toutes circonstances. Il faut avec le tact du cœur savoir baisser ou élever son diapason pour le mettre en accord avec celui de ceux avec lesquels nous nous trouvons en contact ; il faut éviter les discordances et pour cela tendre l'oreille de l'esprit de toute sa volonté, écouter à tous les instants de la vie pour saisir le son quelquefois très faible de la note du prochain ; ou encore il faut ouater son oreille pour que sa note à lui trop forte ou inharmonieuse soit atténuée et ne nous heurte pas trop durement. Cette adaptation fait partie du "Devoir" de l'étudiant et lui-même reconnaîtra comme vrai l'enseignement qui vibrera à l'octave aigu de sa note, c'est-à-dire qui répondra à son aspiration intérieure et le portera à mieux vivre, à mieux aimer, à mieux se dévouer. Ce sera pour lui la pierre de touche ; peu importe que tel ou tel juge différemment et le critique.

 La Vérité est trop vaste pour qu'un être humain puisse la concevoir en sa totalité à ce stade de l'évolution. Chaque âme qui s'est éveillée au divin cherche la vérité, mais elle n'en perçoit qu'une ou plusieurs facettes qu'elle suppose être le tout ; elle condamne l'opinion et la vision qui ne concordent pas avec les siennes, elle juge, elle blâme, elle exprime durement parfois sa désapprobation. Et de quel droit ? Du droit de l'ignorant à la vue courte. Plus on approfondira l'étude spirituelle, plus on se rendra compte qu'il en est de la Vérité comme de la gamme universelle. Toutes les opinions sont nécessaires, toutes les doctrines qui mènent au bien absolu, au perfectionnement moral et spirituel sont issues de la même source.

 Tous les pèlerins des différents sentiers de l'évolution spirituelle se rencontreront un jour au même sommet et se donneront la main. Devancer ce temps, travailler avec désintéressement à son bien personnel, pour qu'il concoure au bien général, joindre sa note à l'orchestre universel pour qu'il soit plus nourri, plus ample et que ses accords montent plus haut, chercher la Vérité de tout son cœur, afin de la vivre chaque jour davantage et amener du bonheur à toute la famille humaine, voilà ce que sera « Faire son Devoir » pour tout étudiant sincère. Il obéira à la Règle d'Or, à la Loi d'Amour et participera à l'établissement sur notre terre de la fraternité universelle.

 "Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté".

 Texte inspiré des enseignements rosicruciens  
légués à Max Heindel par les Frères Aînés de la Rose-Croix.

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